L’achat d’équipements IT : quels choix plus responsables ?

L’ achat d’équipements IT, obsolence

Mercredi 8 février avait lieux la conférence dédiée à l’achat d’équipement IT, organisée par Coduco avec la participation de l’ISIT, la région de Bruxelles et TCO. L’occasion de faire le point sur les bonnes pratiques pour améliorer sa politique d’achat.

L’impact du numérique

L’industrie numérique a un impact considérable sur l’environnement. Selon certaines études, elle contribuerait environ à 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiales.
Tout au long du cycle de vie des équipements numériques, de l’extraction de ressources à leur fin de vie, les impacts environnementaux sont multiples (consommation de ressources, d’énergie, d’eau, pollutions, etc). Concernant les impacts environnementaux, l’impact majeur vient de la production des équipements, accentué par la catégorie des équipements utilisateurs (laptops, smartphones, etc), (1) de par leur nombre et (2) de par leur durée de vie trop courte : dans le cas des smartphones et tablettes, on se situe autour des 80% de l’impact c02eq global pour des durées de vie moyenne de 18 à 26 mois. Par exemple, l’analyse du cycle de vie d’un iPhone 11 nous explique -qu’en moyenne – un iPhone générera 72 kg d’émissions de carbone sur une période de trois ans : 79% d’émissions à la production, environs 17% à l’usage, vient ensuite le transport – seulement 3% – et la fin de vie. A noter que le numérique montre des limites en termes d’économie circulaire. Les techniques de recyclage actuelles sont partielles et ne permettent de récupérer qu’environ un quart des métaux présents dans un smartphones, il y a donc beaucoup de ressources perdues, qui se font de plus en plus rare où dont l’extraction sera plus difficile/couteuse. Les usages du numérique sont également à prendre en compte. Certains usages sollicitent alors les data centers en passant par le réseau.

Outre ces aspects environnementaux, il existe également plusieurs enjeux sociaux & sociétaux dans l’ensemble de ces phases : 

  • Mauvaises conditions de travail 
  • Citoyens en situation d’exclusion numérique 
  • Éthique du numérique, les enjeux de cybersécurité et de vie privée 
  • Impact social & santé. 

Il est important de prendre en compte ces facteurs pour élaborer des solutions plus durables pour le secteur numérique.

La sobriété numérique

Le mouvement de sobriété numérique encourage une utilisation plus responsable et durable des technologies numériques en évitant l’utilisation excessive et non nécessaire des ressources. Il vise à sensibiliser les consommateurs aux impacts négatifs de l’utilisation excessive de la technologie sur l’environnement, la société et la vie personnelle, et à promouvoir une utilisation plus consciente et raisonnée. 

La sobriété numérique peut aider à, entre autres :

  • Réduire l’empreinte environnementale des technologies numériques,
  • Améliorer la sécurité des données,
  • Encourager une utilisation plus efficace des ressources
  • Améliorer la qualité de vie des utilisateurs.

Il existe trois grands axes d’action pour agir en faveur du numérique responsable : 

  • Les équipements : l’objectif premier est d’étendre la durée de vie des équipements au maximum. Pour ce faire, nous encourageons l’achat de matériel réparable/reconditionné donner une seconde vie à nos équipements de façon locale et en assurer la bonne gestion en fin de vie permet également de lutter contre la fracture numérique tout en créant de l’emploi local et en évitant le trafic illégal des déchets.
  • Les usages : La vidéo en ligne est le principal usage, représentant 60% de l’utilisation totale d’internet. La réduction de son utilisation est un levier majeur à réduire l’impact environnemental. Il faut aussi faire attention aux conférences en ligne qui représentent 20 % de la bande passante et résonner l’usage de la caméra notamment avec un nombre important de participants passifs. Enfin les courriels, sites web et d’autres aspects ne doivent pas être ignorés.
  • L’éco-conception des services numériques : pour atteindre cet objectif, nous visons à avoir des services numériques qui sont utilisables, utiles et utilisés. Cela peut aider à éviter les coûts et les applications inutiles, réduisant ainsi les impacts environnementaux. Il est possible de travailler sur la conception des sites web ou e-commerce ou réfléchir à l’impact de sa communication digitale.

Les bonnes pratiques pour des achats plus responsables

Pour pouvoir lutter contre cet impact négatif du numérique sur l’environnement, voici quelques pistes.

Les 5 R sont une série de principes clés pour améliorer la durabilité et l’efficacité des ressources utilisées dans la production et la consommation. Il consiste à :

  • Refuser (refuser du neuf)
  • Réduire (son nombre d’appareil)
  • Réparer un maximum
  • Recycler (seulement en dernier recours)
  • Rendre à la terre (tout ce qu’on ne sait pas recycler = enfouissement des déchets électroniques)

Il est important de respecter ces 5R dans l’ordre.

En suivant ces principes, les entreprises et les consommateurs peuvent contribuer à une utilisation plus durable des ressources. 

L’indice de réparabilité est un système de notation qui évalue la facilité de réparation d’un produit électronique. Il est basé sur la disponibilité de pièces de rechange, l’accès aux composants internes, la documentation et les outils nécessaires pour effectuer des réparations, et la durabilité des produits. Les produits avec un indice de réparabilité élevé sont plus facilement réparables, ce qui peut prolonger leur durée de vie,  réduire les déchets électroniques et retarder le moment ou le produit devient un déchet.

Le reconditionnement consiste à restaurer un produit électronique usagé à un état proche de son état d’origine. Les produits reconditionnés sont vendus à des prix inférieurs comparés au neuf et permettent d’éviter les impacts liés à la production d’équipements, en plus de créer de l’emploi local dans ces filières. 

Les équipements It reconditionnés bénéficient d’une garantie légale d’un an et certains reconditionneurs proposent même des garanties de 2 ans.

Les écolabels numériques permettent de trouver des équipements respectant certains standards, normes & critères environnementaux/sociaux, ce qui vous fait gagner du temps en accélérant la prise de décision.  Il n’existe pas de label unique pour la sobriété numérique, mais il existe plusieurs labels et certifications qui peuvent être utilisés pour évaluer l’efficacité énergétique et la durabilité des produits numériques. 

Par exemple :

  • Le label TCO est un des principaux écolabels numériques, avec la particularité d’également inclure un important volet sur les enjeux sociaux, en plus des critères plus communs (analyse du cycle de vie, consommation électrique, substances toxiques, réparabilité, type de matériaux, etc).
  • Le label Energy Star, qui est administré par l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis, est un label d’efficacité énergétique pour les produits numériques tels que les ordinateurs, les moniteurs et les imprimantes.
  • Le label EPEAT, qui est un système de notation pour les produits électroniques environnementaux, évalue la durabilité, la récupération de matériaux et la réparabilité des produits numériques
  • Le label RoHS, qui signifie Restriction des substances dangereuses, est une directive européenne qui interdit l’utilisation de certaines substances dangereuses dans les produits électroniques.

Vers qui puis-je me tourner pour mettre en place une politique d’achat responsable ?

Coduco, dirigé par Rob Renaerts, a organisé ce webinaire sur les achats IT responsables dans le cadre du projet buysmart.brussels. Cocudo soutient les entreprises, les institutions publiques et les organisations dans leur politique sociale et environnementale en les aidant à adopter des produits et comportements plus durables, tant pour leur consommation interne que pour les fournitures et services qu’ils offrent à leurs clients et publics. 

La Région Bruxelloise (RBC), à lancer une initiative numérique responsable avec plusieurs administrations. Dans le cadre de leur groupe de travail sur les achats du numérique responsable, ils ont établi des critères d’achats dans le but de soutenir les acteurs du secteur numérique en leur fournissant des solutions concrètes et opérationnelles. 

ISIT-BE : dirigée par Olivier Vergeynst, l’Institut Belge du Numérique Responsable » a pour objectif de rassembler les entreprises, organisations et citoyens belges pour les aider à réussir leur transition vers le monde numérique tout en minimisant l’impact environnemental et social de leurs services et usages informatiques. Avec l’appui de leurs membres, ils encouragent l’adoption de technologies et de services numériques plus responsables, éthiques et inclusifs. 

TCO Development, ONG suédoise, a été fondée en 1992 avec pour objectif d’identifier les produits technologiques de haute qualité et respectueux de l’environnement en développant un label international. Au départ, ce label n’était destiné qu’aux écrans, mais au fil des années, il a été étendu aux serveurs, téléphones mobiles et imprimantes.

TCO est le seul label qui se base sur des critères environnementaux et sociaux pour évaluer les produits technologiques. Il couvre aujourd’hui plus de 3000 produits de 27 marques différentes.

TCO a été représenté pendant la conférence par Barton Finn.

Article co-rédigé par Ambre Nicolaï d’Algorila et Jules Delcon de l’ISIT-Be

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